Le billet que vous vous apprêtez à lire est le fruit d’un jeu d’écriture initié par @venise3 dont voici les contraintes :
le thème : la correspondance
le format : écrire une lettre et sa réponse
la publication : le 8 février au plus tard
Seront listées après mon texte les adresses des billets des blogueurs participant à cette nouvelle aventure. D’ici là, bonne lecture !
J’ai raté ma correspondance. Tu me diras, ça ne change pas. Je m’étais mis à rêvasser, je regardais défiler la ville, les gens et les gouttes de pluie sur la vitre du Tramway. Je pensais à toi. J’ai oublié de descendre. Du coup, je me suis dit « pourquoi pas continuer? Quitte à perdre du temps, autant gagner quelque chose en échange. Allons jusqu’aux confins de cette ligne, tout au bout, là où, malgré quinze ans à vivre ici, je ne suis jamais allé. »
Peu à peu, la rame s’est vidée. Ne restaient plus qu’un poivrot endormi et moi, avant le terminus. Il faisait vraiment nuit. Le bout du ciel s’était couché et on n’y voyait plus que par les truchements électriques des réverbères. C’était plutôt chouette, ce moment comme ça. Seul au bout de la ville. Je me suis dit ça aussi. « Je suis seul au bout de la ville ».
Et là, tu vois, à ce moment-là, après l’euphorie d’être allé plus loin, j’ai été anéanti.
Tu n’étais pas là. Il faisait nuit. Il faisait froid. J’avais raté ma correspondance. Je me suis senti petit. Rien du tout, même. Je t’en voulais presque un peu de pas être là. Tu aurais pris le dos de mon crâne, tu aurais placé ma tête dans le creux de ton épaule, tu aurais guidé mes bras autours de ta taille, et tu aurais serré les tiens tout autours de moi. Et alors, j’aurais senti ce poids constant dans ma poitrine laisser un peu de place, un peu d’air, un peu de souffle. Peut-être même que je me serais endormi.
Quand reviens-tu ?
Dans un peu plus de deux semaines. Dans un peu plus de seize jours. Dans un peu moins de 373 heures. J’arrive par le train de 18:36. Et je n’en peux plus d’être loin de toi. Et je compte au rythme des battements de mon cœur ces secondes sans toi, sans ta chaleur, sans tes mains sur ma peau, sans tes lèvres mordant les miennes, sans ton souffle dans mes cheveux. J’égraine des minutes insolentes de lenteur. Je regarde le temps défiler en une valse damnée.
Il pleut ici aussi.
De ma fenêtre, je regarde le bal des mouettes derrière les chalutiers. La mer et le ciel se confondent dans une sorte de grisaille bleutée où l’horizon n’est plus distinct.
La mélancolie a frappé ce paysage de carte postale, si lumineux à l’accoutumée, comme elle a frappé mon âme, sans haine, sans compassion non plus. Elle est venue comme ça. Elle a tout balayé et collé du spleen partout.
Quand vient la nuit, la mélancolie laisse place à la tourmente. Les averses tombent en bourrasques dehors, et mon corps s’agite au rythme des sanglots de ton absence.
Je retrouve l’apaisement dans les songes, lorsque la fatigue me terrasse enfin, et que, serrant les oreillers contre moi, je t’imagine me réchauffer de ta présence.
Mais je serai bientôt là.
Vous trouverez les billets des autres participants aux adresses suivantes :
http://motspourlecrire.canalblog.com/archives/2014/01/25/29038079.html
http://123christophe456.wordpress.com/2014/01/27/correspondance/
http://sohankalim.wordpress.com/2014/01/27/la-politesse-des-assassins/
http://www.charmithorinx.fr/?p=898
http://gregatort.wordpress.com/2014/01/28/attrapeur-attrape-peut-etre/
http://jesuisgawel.wordpress.com/2014/01/29/concordance-des-temps/
http://motspourlecrire.canalblog.com/archives/2014/01/29/29073339.html
http://blogornomore.wordpress.com/2014/01/27/taire-les-mots/
http://authentiquestropiques.blogspot.fr/2014/01/reservation-hoteliere-par-correspondance.html
https://rienaredire.wordpress.com/2014/01/31/indelebile/
http://motspourlecrire.canalblog.com/archives/2014/01/31/29089372.html
http://wacsim.over-blog.com/article-je-ne-vous-salue-pas-122346505.html
http://misstherieuse.blogspot.fr/2014/02/boucles-dheures.html
http://bloodofeden.overblog.com/2014/02/mon-futur-moi.html
http://plumechocolat.wordpress.com/2014/02/02/complainte-dun-doux-qui-manque-de-pot/
http://cdnotebook.tumblr.com/post/75385356006/correspondance
http://frayer-monblog.blogspot.fr/2014/02/ferme-la-ou-pas.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
On est embarqué avec toi dans ce voyage , la correspondance pour combler la séparation, pour réduire l’attente 🙂
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Pingback: La politesse des assassins… | beau: adj m.
Et bien voilà.. Comme d’hab c’est juste la classe. La première classe
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un mot, puis un autre, et encore un autre… la suite logique d’un chemin intellectuel correspondant à l’ivresse d’une rencontre…..
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l’éloignement permet les retrouvailles … c’est ce moment là de bonheur qui efface le manque !
Merci pour cette lecture …
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Comment ne pas aimer ? (sourire) 😉
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En effet comment ne pas aimer ?
On est emporté en douceur dans ces mots pleins de tendresse et de mélancolie.
On a envie voir le sablier se vider …
et les retrouvailles sur le quai. …
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Tu as su si bien retransmettre ces émotions que je me sens presque un peu triste
Tes mots ont une sorte de limpidité.
Bravo !
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Finalement, pourquoi pas.
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J’aime le début de la première lettre, positif. Puis cela devient triste. J’aime moins. Ascenseur émotionnel.
Sinon bons choix de mots, très agréable à lire.
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Je me suis laissée embarquée dans cette histoire, je me suis reconnue dans les gestes tendres des probables retrouvailles, et moi aussi je serre mes oreillers…
J’ai aimé la différence de ton entre les 2 lettres, le masculin/féminin se sentent.
Un joli moment à te lire. merci;
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L’absence, le manque, sont des moteurs puissants pour l’inspiration. La tienne est douce, nostalgique, enivrante. Vivement qu’ils se retrouvent, et puissent compter les jours qu’ils passent ensemble, plutôt que ceux qui les séparent 🙂
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Pingback: Complainte d’un doux qui manque de pot | plumechocolat
Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti
Tu m’as dit: « Cette fois, c’est le dernier voyage »
Pour nos coeurs déchirés, c’est le dernier naufrage
« Au printemps, tu verras, je serai de retour
Le printemps, c’est joli pour se parler d’amour
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris
Et déambulerons dans les rues de Paris! »
Dis, quand reviendras-tu?
Dis, au moins le sais-tu
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère…
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus!
…
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Pingback: Au-revoir | rienaredire
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