Au-revoir

Suite de l’histoire épistolaire. Retrouvez-la dans son intégralité sous l’onglet « Correspondances ».papier-froisse

Eh bien voilà. Le bout de papier griffonné que tu avais parié que je te laisserai un jour, tu as gagné : tu l’as sous les yeux. Je suis partie cette nuit.

Je te laisse ce que tu aimais. Mon parfum dans les draps, mes colifichets et mes froufrous, mes romans préférés, et ces albums qu’on écoutait ensemble.

Je te laisse le bon. Je te laisse le doux. Je te laisse ce qui t’a plu de nous.

Je te crois soulagé de ce départ silencieux et sans larme. Je te pense heureux qu’il n’y ait pas eu de bataille.

Tu sais, j’ai cherché de toute mon âme, de tout mon coeur à te réchauffer de ma lumière. Mais tu m’a tarie. Tu pensais pour nous mais ne pensais plus qu’à toi. Je suis devenue comme les murs porteurs des immeubles : aussi indispensables que peu remarquables.

Il n’était plus qu’un endroit au monde où je me sentais seule : c’était à tes côtés.

Mais je sais que tu sais tout cela. Et je ne te reproche rien. Mais je ne veux plus être triste.

Alors, voilà, je t’ai quitté cette nuit.

A l’heure où tu liras ces lignes, je serai dans un train pour un autre coin du pays. Loin. Qui sait ? J’aurai peut-être déjà rejoint des bras aimants.

Tu le sais : je ne suis pas femme à rester seule. Beaucoup trop d’amour à donner, beaucoup trop d’amour à recevoir, beaucoup trop d’amour à éparpiller.

Je te souhaite d’être malheureux sans moi. Car c’est dans cet état que tu te complais. Je ne te souhaite pas la joie ni l’allégresse car tu les méprises, et je n’ai jamais voulu que ton bien être.

C’est d’ailleurs en cela que nos mondes ne pouvaient s’entendre : tu es la beauté sombre de la nuit, le chant triste d’un Maldoror Beaudelairien. Je suis le jour et sa lumière, le rire des enfants et la perception positive de la vie.

Nous avons essayé de ne pas en avoir cure. Nous nous sommes trompés.

Ami lecteur, peut-être t’es-tu, précédemment, aventuré ici et as-tu eu l’occasion de découvrir ceci, et ainsi fait connaissance de mes deux amoureux. Prise d’affection pour ces deux personnages, j’ai voulu leur donner une nouvelle fois la parole, et te narrer la journée de leurs retrouvailles. Tu pourras la lire ici. En écho, Grégoire a produit un commentaire en forme, une nouvelle fois, d’épitre, que tu es bien sûr invité à lire. Le texte qui vient de t’être présenté entre dans le canevas épistolaire que nous sommes en train d’élaborer. 

 

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